Cette nuit-là était déjà bien avancée quand l’un des événements les plus importants de l’histoire allait commencer. Cependant, beaucoup diront que ce n’était qu’un petit grain de sable parmi tant d’autres et que ce n’était pas d’une importance capitale. Pourtant, toutes les étoiles pourront montrer que cette histoire est bien plus importante qu’il n’y paraît.
Dans ce monde magique et fantastique que l’on appelle Rayvania, il existe beaucoup d’espèces, mais plusieurs ne s’apprécient guère. C’est pour cela que beaucoup de guerres ont traversé les âges, séparant et isolant certaines nations, détruisant certains royaumes et leur culture.
Pourtant, avec tous ces conflits, un étrange regroupement se préparait. Une personne de chaque espèce était présente. Ils s’observaient et attendaient le commencement de la séance. L’atmosphère était tendue. Tout ne tenait que par un fil pour l’instant. Un seul faux pas et cette séance se terminerait dans un bain de sang.
Une personne ouvrit la porte qui se trouvait derrière la dernière place non occupée. Celle de l’hôte. Encapuchonnée et mystérieuse, l’individu s’installa et personne ne pouvait savoir à quoi il pouvait ressembler hormis la voix caverneuse qui les remerciait :
“- Merci d’avoir répondu. Je vous ai réuni cette nuit pour vous annoncer que notre plan va bientôt commencer. Il est temps pour nous d’arranger ce monde corrompu ! Veuillez prendre place. La séance est ouverte !”
Quelques heures plus tard, chaque créature partit de son côté, plus déterminée que jamais. L’heure était enfin arrivée. Les graines étaient plantées. Il fallait juste attendre le bon moment pour passer à l’action. L’hôte leva les yeux vers les lumières des flammes qui dansaient sur leurs socles au plafond. Oui. Il était temps de ressusciter les forces de l’ancienne époque afin de punir cette nouvelle ère. Il était sûr d’une chose, ce seront les enfants d’aujourd’hui qui jugeront de la tournure des événements prochains et cela sera un spectacle grandiose !
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La forêt était plongée dans les ténèbres. Les arbres semblaient protéger les lieux de leurs branches nouvellement feuillues. Le printemps était venu plus tôt cette année et les jeunes pousses avaient eu du mal à émerger de leur sommeil. Cette forêt rassemblait différents types d’arbres habitués à des températures modérées, ressemblant principalement à des chênes et des bouleaux. Des petites rivières parcouraient les lieux donnant plus de vie et d’ambiance, les animaux avaient l’habitude de venir s’hydrater ce qui permettait aux prédateurs de trouver des proies. Cachées par les branches d’arbres et les buissons, deux ombres observaient un petit gibier. Un bruit net et court retentit. C’était le tir d’un pistolet qui fit fuir la plupart de la faune alentour. Puis le silence s’installa, comme si le voile de la nuit avait déjà englouti cet événement. L’animal venu se désaltérer n’eut pas de chance de croiser le chemin d’un chasseur et de son loup affamé.
“- Grouille-toi Erwann ! J’ai pas envie d’être en retard !”
Ce loup est semblable à ceux que vous connaissez, un canidé, sauvage, qui a l’habitude de vivre en meute. On dit que dompter cette espèce n’était pas simple, pourtant, le chasseur, lui, a réussi. Il l’a recueilli petit et en a prit soin, c’est pour cela qu’Erwann le considère comme son Alpha. Les loups aussi ont une apparence particulière, vivant en forêt, ils arborent du feuillage sur certaines parties de leur pelage et qui leur permette de se camoufler à travers la végétation. Leurs queues ressemblent à des fougères. Celui qui nous intéresse tenait entre ses crocs un Lyfeuillus. Une créature plus proche de vos lièvres que de vos lapins qui ont pour différence une queue et de longues oreilles feuillues.
Le chasseur avançait devant le loup, mesurant environ 1m70 et malgré ses habits, on pouvait deviner qu’il était assez musclé. Il portait un couvre-chef Stetson et avait un visage carré encadré de ses cheveux bruns, mi-longs. Quelques petites feuilles dépassaient de sa chevelure, essayant d’être les plus discrètes possibles. C’était une petite caractéristique des humains, proche de la nature. Le jeune homme avait la plupart du temps un regard sévère, ce qui lui ajoutait des rides sur le front. Sa sœur lui disait souvent de ne pas froncer les sourcils pour éviter d’avoir des plis d’un âge qui n’est pas le sien. Après tout, il n’avait que 22 ans. Malgré sa jeunesse, l’un de ses beaux yeux a perdu sa couleur ainsi que sa vue lors d’une chasse. Concernant sa tenue, il était habillé de pièces d’armure en cuir typique de son village reconnu comme l’un des plus importants de la région d’Hélisaz. Il avait plusieurs rangements pour toutes ses armes. Seule l’une d’entre elles était mise en évidence, semblant plus puissante que les autres. On pouvait deviner qu’il ne la sortait qu’en cas d’urgence. C’était un fusil spécial qui renfermait des cristaux insufflés de magie. Quelles étaient leurs propriétés ? Même Emeric ne les avaient pas encore toutes exploitées car il y avait des conditions pour les utiliser qu’il ne possédait pas.
Il n’était vraiment pas là pour chasser du petit gibier mais après chaque fin de mission, son loup aimait avoir une récompense. Ils étaient en route pour rentrer. Le chasseur voulait arriver avant que son village ne se réveille pour la journée afin d’éviter tout regroupement de la part des habitants. L’homme détestait être au centre de l’attention et d’entendre son nom répété en boucle “Emeric ! Emeric !” l’agaçait déjà.
Tout à coup, le loup leva la tête. Des cris se faisaient entendre et des bruits de pas précipités se rapprochaient d’eux.
“- A L’AIDE !”
Une femme d’apparence humaine courait dans leur direction, effrayée et pleine d’égratignure, une silhouette la pourchassait, menaçante et rusée. Emeric analysa d’un rapide coup d’oeil la situation. Le prédateur était grand, faisant deux têtes de plus qu’eux. Il avait des cheveux courts, lisses et de couleur froide. Son visage rectangulaire et son corps robuste montraient qu’il n’était pas un humain. Ses longues oreilles qui s’alignaient avec les traits des yeux et de chaque côté de la tête, la pâleur de sa peau et ses crocs sortis étaient des indices prouvant que c’était bien une autre espèce.
Le chasseur avait pris son pistolet. La créature en réponse riait, car il ne voyait en cette nouvelle personne qu’une proie facile. Après tout, ce n’était qu’un chasseur, non ? Pourtant, ses pensées s’arrêtèrent immédiatement quand il se reçut la balle en pleine tête et s’écroula sans vie. L’humain avait tiré avec précision. Malheureusement pour la silhouette, son opposant n’était pas un simple chasseur rentrant de sa chasse habituelle.
“- Vous êtes… Un chasseur de vampires ?” Questionna l’humaine appeurée
Emeric rangea son pistolet dans son holster. Il n’avait pas besoin de répondre à cette question. Son accoutrement et ses armes montraient clairement à quelle classe il appartenait. Erwann grogna dans une autre direction. Le chasseur suivit du regard et demanda à la femme :
“- Ton village ?”
“- Oui, des vampires nous ont attaqué et…”
La jeune femme n’eut même pas le temps de continuer qu’Emeric était déjà parti avec son fidèle compagnon. C’était le chemin qu’elle avait pris pour s’enfuir des attaques de ces “monstres”. Tout cela l’effrayait, se demandant ce qu’elle devait faire, le suivre ou bien rester loin de toute cette violence. Par ailleurs, le chasseur était déjà dans le feu de l’action, à peine arrivé qu’il avait immédiatement évalué la situation du village embrasé et s’était élancé parmi la foule d’humains et de vampires. Emeric sortit un pistolet, tira sur quatre vampires avant de prendre une deuxième arme pour la pointer sur l’une des créatures qui voulait se jeter sur lui. La dernière chose qu’elle vit était le regard haineux de son bourreau.
Depuis que le brun était arrivé, il ressentait une présence qui l’observait dans l’ombre. Est-ce un ennemi ? Peut-être. Un allié ? Peu probable. Il se serait déjà montré pour aider. Cela l’agaçait au plus haut point, tellement qu’il ne remarqua même pas le vampire qui s’était rapproché de lui, s’apprêtant à lui mordre le cou.
Deux hurlements retentissent soudainement, l’action fut très rapide. Le premier hurlement était celui d’Erwann alors que le deuxième était celui du vampire. Du sang coulait, les crocs étaient de sortie. La réalité était que le loup, ayant vu son maître être attaqué, s’était jeté sur l’assaillant en mordant son avant-bras. Le vampire avait hurlé de douleur en sentant les canines acérées de l’animal s’enfoncer dans sa chair et se débattait pour se libérer. La force des deux parties fut si intense qu’un craquement retentit puis Erwann s’écarta. Il était fièrement dressé, son trophée dans sa gueule, ignorant le vampire qui tenait le reste de son bras, pestant face à la douleur qu’il ressentait.
“Clic”
Ses longues oreilles se levèrent d’un coup. Il sentit le canon froid et désagréable contre sa tempe et sourit nerveusement au chasseur qui braquait son arme sur lui. Le vampire n’ayant plus aucune chance tenta de l’amadouer.
“- Hey grand maître chasseur ! Je peux tout expliquer ! Ce n’est pas de ma faute !”
Malheureusement, son adversaire ne dit rien, son regard lui fit comprendre bien assez rapidement qu’il n’aurait pas dû prendre la parole. Lorsque soudainement, un courant d’air attira l’attention d’Emeric. Etait-ce la mystérieuse présence ? Il détourna le regard une fraction de seconde mais c’était largement assez pour que sa victime décampe. L’homme le regardait alors partir en courant au loin, avant de ranger son arme tout en sifflant. Erwann lâcha son trophée et s’élança à la poursuite du fugitif.
Le brun soupira en regardant le village et tous les vampires qui ont soit déserté, soit été tués. Au moins, les humains allaient être en sécurité pour un temps. C’était pourtant rare qu’un groupe de vampires aussi peu expérimenté vienne chercher du sang. Il devra en parler à son propre village.
Alors que le chasseur faisait le tour, vérifiant qu’il ne restait plus de vampires, des traces de pas attirèrent son attention. C’était l’endroit exact où il avait ressenti cette désagréable présence la première fois et se pencha donc pour mieux les examiner.
“- Merci infiniment, héros des humains !”
La jeune femme qu’il avait sauvée se tenait derrière lui et voulait le remercier. Emeric se contenta d’acquiescer pour montrer qu’il avait bien entendu et qu’il n’y avait pas de problème. Le brun n’était vraiment pas du genre à beaucoup parler. Mais revenons aux traces de pas. C’étaient des talons… Rares sont les humains qui en portaient. C’était donc une autre espèce, sans doute un vampire ? Après tout, le village en était infesté quelques instants plus tôt. Si c’était un combattant, il devait être très bon en combat avec des talons pareilles. Lors de sa réflexion, le chasseur se demandait si ce n’était pas une tenue obligatoire pour certaines espèces. Il n’était clairement pas assez renseigné pour ce genre de choses, mais si la personne se montrait silencieuse, c’est qu’elle avait une idée derrière la tête. Etait-ce un piège ? Il n’aimait pas du tout ça.
Durant ce temps, Emeric n’avait absolument pas écouté la jeune femme qui lui parlait et lui racontait ses déboires, son admiration pour le chasseur qui avait vaillamment combattu ces bêtes sauvages. Le jeune homme continua de ne pas prêter attention à ses éloges, il n’était pas venu pour ça. Il n’aimait pas les vampires et le simple fait qu’ils s’en soient pris à des humains était déjà suffisant pour leur venir en aide. Il ne voulait rien en retour.
Lorsqu’il se leva, la jeune femme voulut le suivre, mais il l’arrêta d’un geste de main.
“- Trop dangereux ! Ton village est sauf. Reste là.”
“- D’accord… Mais laissez-moi savoir si votre village est bien celui des chasseurs ?”
Il acquiesça avant de siffler de nouveau. Le loup revint vers lui la gueule couverte de sang. Emeric lui fit signe et Erwann alla vers les traces de pas, les sentit puis partit en direction de sa piste. La nuit était loin d’être terminée et alors qu’ils marchèrent depuis un petit quart d’heure déjà, ils entendirent une voix chantonnante.
“- Voyageur temporel, as-tu trouvé ta voix ?
Ne reste pas dans ce vide empli de haine.
Retiens-tu l’air ? Prends une bouffée d’oxygène !
Fais attention, sens les présences autour de toi !”
“- Hey toi !” Interpella Emeric.
Au milieu d’une clairière, se tenait un vieux saule pleureur. Chaque branche était des grappes de raisins bien mûres. Au pied de ses racines, se trouvait une jeune femme. Elle était assise par terre en tailleur, l’une de ses mains tenait une aiguille et l’autre une grappe semblant extaire le jus de ces fruits.
À première vue, elle était d’apparence humaine et ne semblait pas plus grande qu’Emeric. Elle avait de longs cheveux violets et deux mèches descendaient le long de son visage fin. Elle avait l’air d’avoir environ 19 ans et elle respirait la joie de vivre. Ses habits, pourtant, détonnaient par rapport au reste de son apparence. Elle portait des vêtements très soigneusement décorés et l’ensemble semblait être très pratique pour se déplacer. C’étaient des vêtements qu’il n’avait jamais vu dans le coin. Venait-elle d’une autre région ? C’était probable, de plus, il y avait un détail qu’il nota, c’étaient ses bottes qui comportaient des talons. De loin, il ne pouvait pas comparer celles qui l’ont mené jusqu’ici, mais cela n’était pas à omettre.
Elle s’était arrêtée lorsqu’il l’avait interpellé.
“- As-tu vu quelque chose d’étrange ?”
“- Il n’y a que toi qui es étrange !” Répondit-elle, en le regardant déconcertée.
Il était vrai que rencontrer un parfait inconnu dans les bois et avoir une question pareille n’aidait pas, Emeric s’en excusa. Pourtant, quelque chose n’allait pas. Cette femme à l’apparence humaine, était assise au beau milieu de la forêt, proche d’un village qui venait d’être attaqué. Etrange, n’est-ce pas ? Il y avait très peu de chances qu’elle soit passée à côté du flair si développé des vampires. Il devait faire attention. En parlant des suceurs de sang, Erwann qui jusque-là était calme et presque confiant, commença à grogner. Il y avait quelque chose qui avait attiré son attention. Emeric la ressentait, lui aussi. Elle n’était pas loin, cela l’agaçait vraiment d’être suivi et d’être manipulé de la sorte. C’était cette présence qui l’avait emmenée ici. Y avait-il un but dans ce geste ?
“- T’as fini ?” Demanda une nouvelle voix.
Emeric avait manqué de vigilance et n’avait pas remarqué l’arrivée de cette personne tiers. Il savait directement que d’une, c’était une vampire et de deux qu’elle était loin d’être aussi inexpérimentée que ceux ayant attaqué le village. La femme était une brune aux yeux bleus, ses vêtement quant à eux ressemblait en tout point à ceux d’une humaine. Elle avait réussi à cacher sa présence et s’était montrée sans même qu’il ne s’en rende compte. Il prit son fusil qu’il n’avait pas encore utilisé jusque-là. Les cristaux sur l’arme se détachèrent pour se placer au bout du canon et s’illuminèrent. Il ne prit pas le temps de viser car il savait qu’il allait l’atteindre. Le chasseur tira et la balle partit à sa destination déjà toute tracée. Tellement bien tracé qu’un obstacle lui coupa immédiatement le chemin, la tranchant en deux et s’arrêtant de ce fait dans son élan. Une lame venait de se planter dans le sol en plein dans la trajectoire du tir. Emeric pesta, mais il savait pertinemment qui cela pouvait bien être.
Une autre vampire était apparu sur l’épée, avec élégance et dextérité. Le souffle qu’elle produisit lors de son arrivée mettait en évidence la rapidité et la puissance dont elle faisait preuve. Tenant sans aucun effort sur le manche de son épée plantée dans le sol, elle regardait avec un air menaçant le chasseur qui avait voulu s’en prendre à ses servantes.
Emeric savait que c’était cette présence qu’il avait suivie. Ce n’était pas des vampires du même calibre que ceux du village, elles savaient se battre. Il devait faire attention. Il était seul contre deux vampires et qui sait, peut-être que celle à l’apparence humaine était de mèche.